Alors qu’une commission de l’ONU étudie en ce moment les détails de l’utilisation d'armes chimiques près de Damas, les dirigeants occidentaux se font de plus en plus menaçants dans leurs déclarations.
 Ils passent progressivement des paroles aux actes. Les États-Unis ont récemment envoyé leur destroyer USS Mahan vers la Syrie.
 C’est déjà le quatrième navire de la marine américaine en Méditerranée. En plus de l’USS Mahan, il y a aussi les destroyers USS Gravely, USS Barry et USS Ramage, qui sont armés de plusieurs dizaines de missiles de croisière Tomahawk.
 Comme l’explique Chuck Hagel, secrétaire de la Défense des États-Unis, l’armée américaine est prête à attaquer la Syrie si Barack Obama en donne l’ordre.
 
Cependant, les experts insistent sur le fait que cette opération représenterait une charge importante pour le budget américain.
 Pour Andreï Baklitski, directeur des projets d’information au Centre d’études politiques russe, il est question de centaines de millions de dollars au minimum.
 
« Il est difficile de dire aujourd’hui combien coûtera cette campagne, car il peut s’agir d’opérations très diverses. Pour le moment, nous pensons qu’il s’agira surtout de simples tirs de missile. Lors d’une opération semblable en Libye, il fallait un budget d’environ un million de dollars par jour, seulement pour les tirs de missile.»
 
Le Pentagone lui-même ne se fait pas d’illusion en ce qui concerne les dépenses éventuelles.
 En juillet déjà, le général Martin Dempsey avait envisagé cinq scénarios d’assistance aux rebelles syriens.
 Le scénario le plus économique consistait en la formation de combattants de l’opposition et la transmission de renseignements.
 Cela avait été estimé à 500 millions de dollars par an pour le budget. Toutes les autres possibilités, dont l’intervention de l’armée américaine dans le conflit, ne nécessiteraient pas moins d’un milliard de dollars par mois.
Selon une récente déclaration du Secrétaire d’État américain John Kerry, Washington a l’intention d’économiser en se limitant à des tirs de missile seulement.
 Il est peu vraisemblable que cela renverse le régime de Bachar al-Assad. Evguénia Boïko, chargée de cours en politique appliquée à l’Université des finances gouvernementales russe, indique qu’une guerre éclair ne suffira pas en Syrie.
 
« Il n’est pas question ici d’un ou deux jours. De plus, l’expérience militaire des pays occidentaux dans d’autres points chauds, et tout particulièrement en Libye, prouve qu’une guerre éclair victorieuse n’est pas possible. Les autorités syriennes ont montré une très grande résistance à la pression extérieure, et également à la pression intérieure, beaucoup plus que les autorités libyennes. La guerre civile en Syrie dure déjà depuis plus de deux ans. Il est donc impossible de parler d’une fin rapide des opérations militaires. »
 
Du reste, même si les États-Unis et leurs alliés décident de lancer une opération de grande envergure en Syrie, cela n’aidera pas à mettre fin au conflit.
 Au contraire, les experts pensent que les violences pourraient redoubler. Ainsi, comme le suppose Andreï Baklitski, les USA ne savent pas vraiment quel est leur objectif final.
 
« Nous avons l’impression que les États-Unis eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils veulent. Les dernières déclarations de John Kerry se résument à dire qu’il faut faire quelque chose parce que des armes chimiques ont été utilisées. Mais que faire ? Ce n’est pas clair. Dans le cas de simples tirs de missile, il s’agirait seulement de punir le régime Assad, mais pas d’un renversement, ni même d’un changement sensible du rapport de force. C’est-à-dire que si les États-Unis décident d’utiliser la force, cela aura tout d’abord une signification politique, et non militaire. »
 
Entre-temps, les discussions sur une possible opération contre la Syrie ont perturbé les marchés financiers. Les indices boursiers américains ont chuté après que John Kerry a annoncé la possibilité d’utiliser la force en Syrie.

 Le cours du pétrole, lui, a augmenté.