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samedi 25 janvier 2014

Montbéliard : il shoote dans la tête de sa femme devant les policiers .

25/01/2014 à 05:00

« Ce type d’agissements ne concerne pas exclusivement le couple. La société a son mot à dire », insiste la procureur Brunisso. Archives ER
« Ce type d’agissements ne concerne pas exclusivement le couple. La société a son mot à dire », insiste la procureur Brunisso. Archives ER
Devant les policiers, Saïd a shooté dans la tête de sa femme enceinte. « Oui, mais doucement… », nuance le mari violent.

«Dans notre pays, une femme meurt tous les trois ou quatre jours, sous les coups de son concubin », révèle Thérèse Brunisso, la procureur de la République.
Derrière cette effroyable réalité, il y a aussi toutes ces violences cachées, claquemurées, parfois révélées à l’occasion d’un épisode aux conséquences qui débordent de la sphère privée.
Comme ce fut le cas, le 12 décembre dernier à 4 h du matin, lorsque Naïma, enceinte de vingt semaines, se présente aux urgences de l’hôpital de Montbéliard. La dame présente des tuméfactions et des traces de sang séché sur le visage.
 Elle aurait aussi reçu un ou plusieurs coups dans le ventre.

Son mari insiste pour rester auprès d’elle.

 L’hôpital fait aussitôt un signalement auprès du procureur de la République qui ouvre une enquête.
Sans quoi, l’affaire n’aurait jamais été ébruitée ni connue.
« Non, non tout va bien avec mon mari maintenant », assure et rassure l’épouse qui, à la barre du tribunal, un bébé d’un an dans les bras, minore les faits.
Ne serait-elle pas sous l’emprise d’un tyran domestique ?
« La pression psychologique exercée par le mari, à l’hôpital »
Car il y a (au moins) un précédent connu.
 Le 8 novembre, la police était intervenue rue Debussy, dans le quartier de la Petite-Hollande.
 Les fonctionnaires avaient alors assisté à une scène totalement sidérante, quand le mari avait donné un coup de pied dans la tête de son épouse.
« Oui mais doucement… », s’empresse de nuancer le prévenu.
 Le président Troilo n’en croit pas ses oreilles : « Et c’est un mode de communication normal, ça ? »

Saïd, Algérien de 29 ans, dit avoir soigné la cause de ses tourments, de sa violence.
« Mon problème, c’est que je ne supporte pas l’alcool. Quand je bois, je ne me contrôle plus. Mais je me soigne… ».
Le président lui signale que son manque de contrôle semble s’exprimer, comme par hasard, uniquement contre son épouse.
 Pas contre des hommes qui pourraient lui opposer une résistance.
 De la lâcheté ?
La procureur reprend la main. Elle revient sur « la pression psychologique très importante exercée par le mari à l’hôpital.
 Son épouse était terrorisée, mais au final elle n’a pas voulu déposer plainte ».
Elle s’appesantit un instant sur le cas de cette femme qui, comme d’autres, « s’autocensure, peut-être pour sauvegarder son couple. Peut-être aussi sous le poids de la pression de la famille… », interprète la procureur Brunisso qui rappelle que, plainte ou pas, ce type d’agissements ne concerne pas exclusivement le couple et que la société a son mot à dire.

« Dans notre Droit, dans notre pays, on ne peut accepter de telles pratiques basées sur la violence », poursuit la représentante du ministère public qui requiert à l’encontre de l’agresseur huit mois de prison avec un sursis mise à l’épreuve durant deux ans.

Le tribunal a suivi.
 Parmi les obligations, l’interdiction de fréquenter les débits de boisson.
 Histoire de couper le robinet toxique.
Suffisant pour éradiquer la violence domestique du prénommé Saïd ? L’avenir le dira.

Sam BONJEAN

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