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dimanche 14 mai 2017

Chroniques jupitériennes de Macron: maintenant, je suis président, et je ne vous dois rien!

Le 14/05/2017


 

14 mai 2017

 
Moi, Emmanuel Macron, huitième président de la Vè République…
 
 On ne s’en lasse pas.
Les ors de l’Olympe, le passage des troupes en revue, la remontée des Champs-Élysées, ma lente métamorphose en un dieu sublime, le dieu des dieux, en un Jupiter qui peut terrasser ses ennemis avec sa foudre.
L’extase, donc.
 
Un président jupitérien au-dessus des mortels
 
Avec hâte, je veux quitter le bourbier des mortels.
Mon premier naufrage, celui des investitures aux législatives, m’a pour longtemps écoeuré de leur fréquentation.
Il n’y en a pas un pour racheter l’autre.
 Prêts à se battre pour un quignon de pain, ou pire, un siège de godillot à l’Assemblée Nationale. C’est le renouvellement des vices.
13.000 crétins ont déposé leur candidature pour rester assis à voter comme un seul homme les ordonnances que Bercy rédigera.
 Que ne ferait-on pour une bonne soupe?
 
Comment j’ai baisé Bayrou

Et le vieux Bayrou qui croyait m’avoir avec ses calculs ridicules.
 Il a passé un hiver à me rouler dans la boue, à se répandre dans Paris en soutenant que j’étais un imbécile, une calebasse, une imposture.
Quand son ami Fillon (que n’a-t-il dit, dans les dîners, qu’il avait une amitié et une estime personnelle pour lui) a commencé à boire la tasse, torpillé par la campagne bien sentie qu’on connaît, foin de l’amitié et de l’estime: le voilà qui retourne sa veste, avec ses manières de maquignons qui revendique des accords, des engagements, qu’il est seul à avoir entendus.
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, cher François.
Ou comment on passe, le sourire narquois, de Bayrou en marche à Bayrou en marge.
 J’adore le rouler dans la farine, sourire en face, la main sur le coeur, basses oeuvres par derrière.
Que Ferrand l’étripe dans sa cellule…

Les inconvénients de la démocratie

Tout irait en mieux en France si l’Olympe était fermée aux mortels, et si ces derniers ne se croyaient autorisés à défier les dieux.
Les investitures foirent à cause d’eux.
 Entre ceux qui ne sont pas contents de n’avoir pas été désignés (ce qui prouve bien qu’ils n’étaient pas faits pour être candidats… le seul fait qu’ils aient sérieusement cru que la procédure serait transparente montre leur imbécillité), ceux qui font un tir de barrage contre les parachutés, et les parachutés qui se désistent par peur du conflit, tout cela est épuisant et navrant.
 
Gantzer m’a déçu
 
Gaspard m’a déçu.
Je le croyais plus solide.
Renoncer à sa candidature parce que trois pékins lui ont dit son fait n’est pas très sérieux.
Comment peut-on imaginer tenir le pouvoir si l’on craint d’être détesté.
Un vieux souvenir de latin: Oderint dum metuant! qu’ils haïssent, pourvu qu’ils craignent.
Au lieu de courir les minettes, Gaspard se serait mis à la colle avec sa prof de lettres, il aurait tenu bon et serait resté candidat.
 
Ni Delevoye ni Ferrand à Matignon

J’ai acquis une certitude en tout cas, durant ces derniers jours.
Si je veux durer, je ne dois choisir à Matignon ni Delevoye ni Ferrand.
 Ils ont la souplesse d’un éléphant et l’agilité d’une tortue.
 Avec eux, je suis sûr que toute mission délicate sera exécutée à l’ancienne, avec des sourires entendus qui se voient gros comme le nez au milieu de la figure, et au bazooka de préférence à tout autre arme.
Bref, le mauvais casting pour une équipe ministérielle, et le désastre assuré pour Matignon.
 
S’évader vers l’Olympe

Non, décidément le bonheur, c’est l’évasion vers l’Olympe.
Demain, je fais mon premier voyage en tant que Président.
Avion présidentiel, tapis rouge, et tout et tout.
Je ne me lasse pas de revoir les images de Hollande arrivant à Berlin pour la première fois: il était empesé, emprunté, grotesque.
Les Français ont bien vu ce jour-là qu’il ne pourrait pas être un vrai président, de la race des jupitériens comme De Gaulle ou moi.
 D’ailleurs, les dieux le lui avaient signifié en lui envoyant la foudre…
Mauvais présage.
Les affaires des mortels tout en bas de l’Élysée ne sont plus mon problème.
 Ce qui m’intéresse, ce sont les affaires olympiennes, celles qui se traitent entre grands de ce monde.
 
La ridicule querelle des ordonnances
 
Les mortels contestent déjà.
 Les syndicats ne veulent pas des ordonnances sur lesquelles j’ai pourtant été élu.
Mais n’ont-ils rien compris?
Imaginent-ils que la France décide de quoi que ce soit?
 que moi Jupiter je puis agir en dehors de l’Olympe et du conseil que je tiens avec les autres dieux? L’Union Européenne exige une réforme du marché du travail: je la lui donne, sans barguigner, et c’est tout.
 
Si vouas aviez des questions sur la souveraineté de la France, mes avis, il fallait vous la poser pendant la campagne électorale.
 
Il est maintenant trop tard, vous avez choisi…

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