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jeudi 16 novembre 2017

La République en marche : un modèle de démocratie 2.0

                   
         



L’élection de Christophe Castaner samedi ne sera même pas un événement.
 
Il fallait entendre, mercredi matin, Benjamin Griveaux, la tête à claque de service du gouvernement Philippe, expliquer sur France Inter qu’« il n’y a pas de sujet de fonctionnement démocratique » au sein de La République en marche.
La veille au soir, je ne sais plus sur quelle antenne, il avait entonné la même antienne.
Comme quoi les éléments de langage ne sont pas faits pour les chiens.
Des propos délivrés après qu’une centaine de membres du parti du Président ont annoncé qu’ils quittaient le mouvement, estimant qu’ils n’y trouvent ni démocratie ni éthique.
À quelques jours d’un événement majeur pour LREM…
En effet, samedi 18 novembre à Lyon, le Conseil national de la start-up de la politique française sera officiellement installé.
Qu’est-ce que ce « Conseil » ?
C’est, en quelque sorte, le Parlement du mouvement, comme en possède tout grand parti politique.
Au total, le Conseil de La République en marche, c’est 800 membres.
Examinons sa composition et la procédure de désignation de ses membres.
Tout d’abord, les ministres, les secrétaires d’État et les parlementaires sont membres de droit.
Soit, au total, près de 350 personnes qui, pour l’immense majorité – si on enlève la vingtaine de sénateurs -, doivent leur place au label Macron.

Il faut y ajouter les élus des grandes collectivités territoriales, ce qui semblerait, d’emblée, exclure les maires des petites communes qui auraient eu la bonne idée de rallier La République en marche. Ensuite, sont membres de droit du Conseil national les 110 référents départementaux.
Ces référents ont été désignés pour trois ans en septembre dernier selon la procédure suivante : chaque comité local du territoire pouvait transmettre à la direction du mouvement au moins deux propositions de noms de référents, dans le respect du principe de parité (très important, la parité). Mais la désignation des référents revient à la direction nationale du mouvement.
Donc, 110 référents qui doivent leur légitimité à une désignation et non à une élection.
350 + 110 = 460.
Le Conseil national est d’emblée verrouillé à double tour.

Mais ce n’est pas tout.
Quinze personnalités sont désignées « au regard de leur contribution à la vie du mouvement ».
Une désignation prononcée par le conseil d’administration, tout dévoué, évidemment, à Emmanuel Macron.
Enfin, la petite touche de progressisme, de démocratie 2.0, un truc qui hésite entre la tombola de patronage et le loto de comité des fêtes : le tirage au sort.

Deux cents adhérents tirés au sort de manière paritaire (parce que ça, on peut pas y échapper quand on est moderne).
Sur un mouvement qui revendique 386.000 adhérents, selon les chiffres donnés par M. Griveaux, cela fait tout de même 0,05 % de chance de décrocher la timbale.
Et avec la loi des grands nombres, c’est bien le diable si ce coquin de sort ne tire pas du chapeau une majorité d’ectoplasmes qui ne risquent pas de fonder un courant et empêcher de marcher en rond.
Bref, c’est verrouillé, cadenassé, barreaudé.
Nickel.
Mais à part ça, comme dit le délicieux Benjamin Griveaux, « il n’y a pas de sujet de fonctionnement démocratique ».
Il fallait y penser : pas de démocratie, donc pas de sujet de fonctionnement démocratique.

L’élection de Christophe Castaner samedi ne sera même pas un événement.

Et les mauvaises langues d’ajouter que La République en marche serait une coquille vide.
Une coquille vide, peut-être, mais un coffre-fort plein à craquer.
Rappelons que LREM va percevoir, sur la législature 2017-2022, environ 100 millions d’euros de dotations publiques, un retour sur investissement, après seulement quelques mois d’existence, à faire pâlir de jalousie toutes les start-up de la Mondialisation Valley !

Mais ce n’est pas le sujet, me direz-vous ?

Un peu, quand même, car cet argent public est accessoirement le nôtre.

Et apprendre qu’il va servir à subventionner un modèle de démocratie postmoderne, comment ne pas être un peu fier…



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