Translate

jeudi 9 novembre 2017

Grenoble : ses voisins du 4e lui font vivre un enfer…



  Déjà, les anciens propriétaires avaient fait de multiples signalements auprès du bailleur social… Photo d’illustration Le DL/Jean-Benoît VIGNY    
  
Déjà, les anciens propriétaires avaient fait de multiples signalements auprès du bailleur social… Photo d’illustration Le DL/Jean-Benoît VIGNY
 

Le récit d’une jeune propriétaire en conflit avec les locataires d’un logement social dans son immeuble

Juliette, on va l’appeler ainsi [*], se souvient bien du jour où elle a visité l’appartement qui allait, quelques mois après, devenir le sien.
Un T3 immense, moderne, dans un immeuble ancien, dans le centre cossu de Grenoble.
« C’était à l’automne dernier. Il était trop cher pour moi (plus de 300 000 euros), mais je le voulais tellement que j’ai mis à contribution ma famille pour réaliser mon rêve. Je l’ai visité et le lendemain, j’ai fait une offre à la propriétaire. Je l’ai acheté en toute confiance, car elle m’avait dit que c’était un quartier calme, avec beaucoup de familles. Cet appart, c’était un coup de foudre. »
Juliette a même accepté de finaliser la vente même si l’ancienne propriétaire lui avait demandé un délai avant de quitter les lieux : « La maison qu’elle avait achetée n’était pas encore libérée. »
Alors, Juliette a patienté et ce n’est qu’en juillet dernier qu’elle a finalement pu poser ses cartons.
 
Insultes, pipi, menaces…
 
« Mais au deuxième jour, tout a commencé. Cela a d’abord été le bruit, toutes les nuits, venant du dessus ».
C’est-à-dire du quatrième et dernier étage du petit immeuble, là où le bailleur social Actis est propriétaire d’un appartement, occupé par une famille avec sept enfants.
« Le plus jeune doit avoir deux ans, le plus vieux 20 ans. Le père n’est là que par intermittence et la mère, chez qui j’ai osé sonner au début, m’a dit qu’elle était souvent débordée. À tel point qu’elle m’a avoué qu’il lui arrivait de laisser tout en plan plusieurs jours d’affilée. »
Juliette raconte les pas qui claquent, les cris, les allées et venues dans l’escalier, les murs qui tremblent jusqu’à 2 ou 3 heures du matin.
« Je ne sais pas quand est-ce qu’ils dorment ces enfants », dit celle qui a essayé toutes les sortes de boules Quiès. En vain.
Ce n’est pas fini.
« J’ai dû nettoyer des quantités incroyables d’urine et de crachats sur mon palier où les enfants ont pris leurs habitudes.
Un des grands jette constamment des œufs sur mon balcon, mais aussi des yaourts qui dégoulinent sur mes vitres et sur l’immeuble d’en face.
Dans notre escalier, les sacs de poubelle s’entassent.
Les encombrants aussi.
On a eu des réparations, des nuisibles.
Les voisins m’ont d’ailleurs raconté les campagnes de désinsectisation qu’ils ont dû demander tellement il y a de blattes…

Et il y a quatre jours, quand je suis revenue faire une machine ici, j’étais sur mon balcon quand j’ai reçu une couche pleine de pipi et de caca sur le visage. Les mômes en rigolaient. »
Car oui, Juliette ne vit plus dans cet appartement dont elle paie encore le crédit.
 
« Ma vie depuis l’été dernier est devenue un enfer. Comme je ne dormais plus, j’ai fini par démissionner de mon boulot à Valence. Je ne me sentais plus de faire les allers-retours en voiture tellement j’étais fatiguée, à bout de nerfs. Heureusement, j’en ai retrouvé un autre à 35 km de Grenoble. Mais tout mon salaire passe dans mes deux loyers. Je loue en effet un petit meublé, car je ne peux plus vivre ici. J’ai trop peur. »
 
Elle évoque ensuite des invectives régulières, « on m’a traitée de sale connasse car j’avais osé me plaindre » et les menaces du papa dans l’escalier.
« Il m’a dit qu’il fallait que je me taise sinon j’aurais affaire à lui, qu’il pouvait être très méchant. »
Plusieurs autres phrases, lancées depuis le balcon, l’ont aussi touché de plein fouet : « Il y a quelque temps, ils m’ont crié : “On va te faire partir comme on a fait partir les deux autres…” Et hier, c’est monté d’un cran puisqu’on m’a menacée de me faire sauter. J’ai porté plainte. »
Juliette, qui pleure en nous racontant son histoire et qui dit que les idées noires se bousculent souvent dans sa tête, sait en effet que cette situation n’est pas nouvelle.
« Quand je me suis tournée vers les autres voisins, vers le syndic  et vers la police, j’ai découvert qu’Actis avait déjà eu de très nombreux signalements, et depuis des années. Je ne suis pas la première à les alerter. J’ai des documents qui montrent que l’ancienne propriétaire a noté pendant des mois et des mois tous les incidents qu’elle a subis elle aussi, la pauvre… »
Euh… l’ancienne propriétaire qui lui a vendu l’appartement en disant que tout était calme ?
« C’est vrai qu’elle n’a pas été honnête, qu’elle m’a menti. Je lui en veux, et en même temps, je me dis qu’elle avait une petite fille, qu’elle a sûrement voulu se sauver… »
 
[* ]Parce que la jeune femme qui témoigne craint des représailles de la part de ses voisins, elle a préféré l’anonymat le plus complet.
C’est ainsi que nous l’avons appelée Juliette et que nous n’avons pas donné son adresse à Grenoble.
 
"Bien sûr que je sais ce qui se passe"
 
Marc [on va l’appeler Marc] est un voisin de Juliette, même s’il ne vit pas dans l’immeuble.
Il vient de faire un témoignage pour Juliette.
Pour raconter ce qui se passe dans l’immeuble.
"Il ne faut pas que mon vrai nom apparaisse car j’avais déjà fait un signalement pour l’ancienne propriétaire que je connaissais bien, mais cela avait fuité et j’avais été menacé par des proches de la famille.
Bien sûr que je sais ce qui se passe, bien sûr que j’ai été témoin de nombreuses incivilités.
J’ai essayé de parler aux enfants et de les raisonner, car après tout, ce n’est pas de leur faute s’ils sont ainsi livrés à eux-mêmes.
Mais cela n’a rien fait…
Je comprends que Juliette ne puisse plus vivre ici et je sais qu’elle n’aurait jamais acheté cet appartement si l’ancienne propriétaire lui avait dit la vérité… "
 
À Actis, on assure que le dossier ne sera pas lâché…
 
Laurent Richiero est directeur des services de proximité d’Actis.
Et il est bien au courant du dossier de Juliette.
Il nous dit d’emblée : "On espère trouver un dénouement le plus rapidement possible, mais les choses doivent être faites correctement pour qu’elles avancent. Mais on ne lâche jamais un dossier."
Quand on lui rappelle que la situation semble être connue de ses services depuis pas mal d’années, au moins depuis 2013, il nous explique : "Nous étions en lien avec les anciens propriétaires via leur syndic, qui avait bien joué le jeu.
On avait commencé par constituer un dossier pour “troubles de voisinage” à partir d’éléments factuels, des relevés précis. Jusqu’en novembre 2015, nous avons traité à l’amiable, en essayant de trouver des compromis.
Nous avons même proposé deux nouveaux logements à la famille du 4e étage qui les a refusés.
Après cela, devant la récurrence constatée des troubles, on a commencé à s’engager, avec notre avocat, dans une procédure contentieuse avec sommation interpellative.
L’étape suivante étant la résiliation de bail.
Sauf que d’un coup, en 2016, les anciens propriétaires ont disparu de nos radars.
Plus aucun signalement n’a été fait.
Donc, logiquement, le dossier a été mis en attente.
Ce qu’on ne savait pas, c’est que les anciens propriétaires étaient finalement dans une démarche de vente […]
Et la première fois que nous avons été alertés à nouveau de la situation, c’est cet été, avec les premiers mails de la nouvelle propriétaire.
Nous sommes rigoureux et exigeants car on connaît les difficultés de ce genre de dossier, qui n’est jamais simple à traiter. Notamment face à la justice."
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.