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lundi 15 janvier 2018

Centre pénitentiaire d’Alençon-Condé : « On n’est pas des surveillants mais des maîtres d’hôtel ! »

 

Les surveillants du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé ont répondu à l’appel national de l’intersyndicale FO-CGT-UFA, lundi 15 janvier, en bloquant les accès de l’établissement dès 6 h. (©L’Orne-Hebdo) Publié le 15 Jan 18

Des agents pénitentiaires ont bloqué les accès de la centrale d'Alençon-Condé, ce lundi 15 janvier dès 6 h. Et ont fait part de leurs revendications au député de l'Orne.
 
Soixante-dix agents du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé ont répondu à l’appel national de l’intersyndicale FO-CGT-UFA en bloquant les accès de l’établissement dès 6 h lundi 15 janvier.
« C’est une action en réaction à l’agression sur nos collègues de Vendin-le-Vieil parce que cet établissement du Pas-de-Calais et celui d’Alençon-Condé sont strictement identiques.
Cette agression ne fait que remettre en cause la politique qu’on dénonce depuis quelque temps déjà ! À savoir : un manque d’effectifs et un manque de matériels parce qu’il nous faut des équipements adaptés pour faire face aux détenus dangereux que nous accueillons », précisait Frédéric Eko de FO-Pénitentiaire.

« L’annonce d’un drame programmé ! »

En se mobilisant de la sorte, les agents d’Alençon-Condé veulent aussi alerter l’administration sur le fait que l’établissement ornais « va expérimenter le quartier d’évaluation de la radicalisation dès le mois de juin. Mais pour le moment, on nous vend ce projet sans formations ni moyens supplémentaires ! »

 
Les surveillants du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé ont répondu à l’appel national de l’intersyndicale FO-CGT-UFA, lundi 15 janvier, en bloquant les accès de l’établissement dès 6 h. (©L’Orne-Hebdo)
 
Enfin, les agents protestaient ce lundi matin « pour que notre statut évolue et nos salaires aussi ».
À 9 h, Joaquim Pueyo, député de l’Orne (et ancien directeur de prison), est venu à la rencontre des agents. L’occasion pour ces derniers de lâcher le cri du cœur .
« Tout le monde sait qu’on est en difficulté, qu’il faut adapter les moyens à la réalité du terrain sinon c’est l’annonce d’un drame programmé ! »
« Il nous faut des passe-plats, des passe-menottes, des passe-clés parce qu’on ne peut plus sortir un détenu sans se faire agresser s’il n’est pas menotté ! », lâche un agent.


 
Le député de l’Orne, Joaquim Pueyo, a effectué une visite parlementaire ce lundi 15 janvier au centre pénitentaiire d’Alençon-Condé qui doit prochainement accueillir un quartier d’évaluation de la radicalisation (©L’Orne-Hebdo)
 
Alassane Sall, de FO-Pénitentiaire, souhaiterait que « la législation soit modifiée pour l’adapter au système carcéral parce qu’à notre niveau, on ne peut rien faire. Or, nous souffrons ! »
« Il ne faut pas frustrer le détenu ! »

Joaquim Pueyo reconnaît que « la détention a évolué » depuis qu’il a quitté le milieu pénitentiaire. « On a libéralisé les systèmes, on n’a pas forcément été attentifs au respect dans les prisons et quelques fois, il y a eu des écarts entre le texte et son application ».






Un agent l’interroge sur « cette 3e force de sécurité publique » que l’administration pénitentiaire constitue en France.
« Pourtant, on ne parle que de la police et de la gendarmerie ! On ne se sent pas considéré comme telle ! ».

 
Les surveillants du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé ont répondu à l’appel national de l’intersyndicale FO-CGT-UFA, lundi 15 janvier, en bloquant les accès de l’établissement dès 6 h. (©L’Orne-hebdo)
 
Pour d’autres, « la situation s’enlise ! » Un surveillant, « dans le métier depuis 22 ans », résume sa fonction à celle « d’un maître d’hôtel ! » Parce que selon, lui :
« Il ne faut pas frustrer le détenu alors on ne le restreint pas sur la cantine. Ils ont la télé mais aussi des friteuses, des sorbetières… C’est le détenu qui fait sa loi, ici ! Chaque matin, je ne viens pas pour le réinsérer mais pour le servir ! Certains sont illettrés mais ils font trois heures de musculation par jour et même de la boxe ! C’est une catastrophe et ça fait 22 ans que c’est la galère ! On se doit de leur donner du travail mais ils n’y vont qu’une fois sur deux et ne sont jamais déclassés ! Que m’arriverait-il à moi si je ne venais qu’une fois sur deux ? »
« Un sifflet face à des pics et des lames »

Tous réfutent l’argument de manque de moyens financiers.
« Des activités culturelles sont ouvertes aux détenus mais ils n’y vont pas ! Il y a eu une formation capœira d’une semaine pour un coût de 3 000 € et un seul détenu y a participé ! Donc il y a de l’argent mais on ne le met pas au bon endroit ».

 
Le député Joaquim Pueyo a écouté les revendications des agents pénitentiaires. (©L’Orne-Hebdo)
 
La condamnation récente d’un de leur collègue les inquiète également.
« On doit lutter contre des pics artisanaux, des lames de 30 cm ou de l’huile de friteuse avec un seul sifflet ! On n’est pas assez formés et équipés mais on doit respecter les règles sinon on sera jugé sur trois secondes de vidéosurveillance par le tribunal correctionnel ! »

Quelle serait, selon eux, la prison idéale ?
« Celle dans laquelle les détenus entrent méchants et en ressortent gentils et en sachant lire plutôt que de consacrer leur temps à la muscu et à la boxe qui font d’eux, des hommes surentraînés ! »
Manifestement à bout de force, les surveillants alertent, une nouvelle fois, l’administration en durcissant, cette fois, le ton : « Si on ne nous donne pas les moyens de travailler correctement, on va finir par tous poser les clés à un moment… »
 
 
 
Les surveillants du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé ont répondu à l’appel national de l’intersyndicale FO-CGT-UFA, lundi 15 janvier, en bloquant les accès de l’établissement dès 6 h. (©L’Orne-Hebdo)

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